Victor De Sepausy – 17.11.2016
La reproduction de manuscrits par les moines copistes relevait du travail de titan. Des heures et des journées passées à soigneusement reprendre les signes et symboles, conférant aux ouvrages une valeur incroyable. Pour protéger les livres des voleurs, les moines avaient alors développé des sortilèges promettant mille morts et souffrances…
Dans le livre de Marc Drogin, Anathema ! Medieval Scribes and the History of Book Curses, sont ainsi référencées des malédictions lancées par les moines. Si l’on avait le malheur de porter la main sur un ouvrage, de l’abîmer ou de le dérober, on encourait alors les foudres de l’enfer.
Au menu, mort lente et douloureuse, excommunication – ça ne mange pas de pain, et à l’époque, ça faisait forte impression… – ou encore châtiments garantis dans ce monde et dans l’autre, tout était bon. Pour le vol d’un livre, par exemple, on pouvait risque d’être coupé en deux par l’épée d’un démon, se faire trancher les mains, crever les yeux, ou finir, assurément, dans le feu et le soufre de l’enfer…
« Ces malédictions étaient les uniques moyens de protéger les livres. Heureusement, c’était une époque où les gens y croyaient. Si vous déchiriez une page, vous pouviez mourir dans d’immenses agonies. Et personne ne prendrait ce risque », précise l’auteur.
Paru pour la première fois en 1983, le livre recense, en latin dans le texte, évidemment, les pires atrocités :
“Si quis furetur, Anathematis ense necetur.”
Comprendre :
Que l’épée de l’Anathème pourfende
Celui qui vole ce livre
Mais bien d’autres existent, parfois plus évocatrices :
Qui te furetur, in culum percutietur. (pas besoin de traduire, c’est assez clair, il faudra faire gaffe à ses fesses…)
ça fait peur, non ?
Au menu, attendaient aussi la friture vif, les maladies et les fièvres, ou encore la pendaison. Il est aussi envisageable de voir son corps, ou une partie, changé en tel ou tel animal, ainsi que de se faire dévorer les entrailles par un ver…
Les scribes étaient manifestement assez créatifs en la matière, tout bonnement parce qu’une solide et imposante malédiction pouvait toujours faire bon effet, et avoir quelque chose de dissuasif…
Source : ActuaLitté